Le 7 décembre 2023, sur recommandation du premier ministre François Legault, les 104 élus présents à l'Assemblée nationale ont nommé Me Marie-Claude Rioux à titre de présidente de la Commission de la fonction publique pour un mandat de cinq ans à compter du 18 décembre 2023.
Me Rioux est membre du Barreau du Québec et détentrice d’un baccalauréat en droit de l’Université Laval. Elle a également effectué des études de maîtrise en droit public. En 2011, elle a obtenu la certification d'administratrice de sociétés par le Collège des administrateurs de sociétés.
Au cours de sa carrière, elle a occupé divers postes stratégiques, notamment à l'Assemblée nationale du Québec (attachée politique, puis directrice adjointe du cabinet du leader parlementaire du gouvernement), au ministère des Ressources naturelles et de la Faune (officier de la publicité foncière du Québec et directrice générale du Registre foncier) et au Secrétariat du Conseil du trésor (secrétaire associée et greffière).
Lors de sa nomination à la présidence de la Commission de la fonction publique, Me Rioux était sous-ministre adjointe des registres de l’État au ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale.
La Commission de la fonction publique est un organisme public neutre et indépendant doté d’une double mission de tribunal administratif et d’organisme de surveillance.
L’indépendance et l’autonomie de la Commission sont consacrées par la Loi sur la fonction publique , qui prévoit qu’elle doit faire rapport de ses activités directement à l’Assemblée nationale et qui lui permet de saisir directement celle-ci d’un sujet lié à sa mission de surveillance. La Loi prévoit aussi que le président et les juges administratifs sont nommés, sur proposition du premier ministre, par une résolution de l’Assemblée nationale approuvée par au moins les deux tiers de ses membres.
Comme organisme de surveillance, la Commission est chargée de :
Pour ce faire, la Commission procède aux enquêtes et aux vérifications qu’elle juge nécessaires dans les ministères et les organismes de la fonction publique.
Alors que les vérifications émanent de sa propre initiative, les objets de ses enquêtes lui sont généralement soumis par des fonctionnaires, ou par des citoyennes ou des citoyens.
Comme tribunal administratif, la Commission entend :
La Commission milite en faveur de la déjudiciarisation du processus de règlement des litiges et favorise le règlement harmonieux de ceux-ci. Pour ce faire, elle offre un service de médiation.
La gestion des ressources humaines de la fonction publique du Québec a évolué au cours des ans au rythme de la maturation de la société québécoise et du rôle exercé par l’État. Depuis 1965, la Commission de la fonction publique a joué un rôle de chien de garde des valeurs et des principes de cette fonction publique, notamment à titre de tribunal administratif à compter de 1979. Cependant, l’intérêt du législateur à en assurer la compétence, l’intégrité et l’impartialité est antérieur à la création de la Commission. Celle-ci a hérité en effet des avancées réalisées par les organisations qui l’ont précédée.
Dès 1868, la législature provinciale du Québec adopte la Loi du service civil et crée le Bureau du service civil en vue de contrer le favoritisme*. Cette création se révèle surtout symbolique : les contrôles sont faibles, et le Bureau tombera en désuétude après 1888. Il sera aboli en 1925.
En 1936, l’Union nationale de Maurice Duplessis accède au pouvoir après une longue domination des libéraux. Le gouvernement congédie alors un grand nombre de fonctionnaires soupçonnés d’être « inféodés » au Parti libéral. Les libéraux d’Adélard Godbout reprennent le pouvoir en 1939 et destituent à leur tour bon nombre de fonctionnaires nommés sous le gouvernement Duplessis.
En 1943, le gouvernement Godbout entreprend une réforme de la fonction publique et une nouvelle loi du service civil est adoptée, en vue particulièrement de protéger les fonctionnaires de l’arbitraire et du favoritisme au moment de la nomination, de la mutation ou de la promotion. La Loi crée la Commission du service civil qui a pour mandat de tenir des examens afin d’évaluer les aptitudes des fonctionnaires et de produire des listes d’admissibilité pour leur recrutement. On lui confie également un rôle de surveillance et d’enquête. De retour au pouvoir en 1944, Maurice Duplessis remercie tous les commissaires de la Commission et nomme un nouveau président et seul membre. Ce faisant, on revient au favoritisme politique.
L’arrivée du gouvernement Lesage, en 1960, amène une extension et une structuration de la fonction publique qui permettra de renforcer le rôle de l’État et de doter le Québec d’une fonction publique compétente et non partisane. Dès 1960, la Commission du service civil inaugure la pratique des concours de recrutement par publication d’appels de candidatures. La syndicalisation des employés de l’État est autorisée en 1961. La Commission du service civil adopte, en 1962, le Règlement du service civil, lequel introduit la notion de concours en vue de la dotation des emplois et celle d’examen pour apprécier les qualités d’un candidat. La Commission peut tenir des enquêtes sur l’application de la Loi ou sur l’organisation de la fonction publique.
En 1965, la Loi de la fonction publique vient remplacer la Loi sur le service civil. Par la nouvelle loi, le gouvernement vise à mettre fin au favoritisme concernant la nomination et la promotion des fonctionnaires, et ce, en renforçant la législation en matière de dotation et en instaurant un régime de sécurité d’emploi pour les employés permanents. La Loi de la fonction publique définit ainsi le régime syndical applicable aux fonctionnaires et transforme la Commission du service civil en Commission de la fonction publique. Des pouvoirs supplémentaires lui sont attribués, notamment en matière d’enquête. Ainsi, un fonctionnaire non syndiqué ne peut être destitué que sur une recommandation écrite de la Commission, après enquête. Trois membres, dont le président, sont nommés par le gouvernement.
La reconnaissance du droit à la syndicalisation des employés de l’État a rendu nécessaire une révision de la classification des emplois en vue de les regrouper pour créer des unités de négociation. La Commission élabore et met en place, à partir de 1967, une nouvelle classification afin, entre autres choses, d’offrir des perspectives de carrière aux employés et de décloisonner les emplois en les réunissant sur la base de leurs fonctions et en abolissant les frontières entre ministères. L’intégration des employés dans la nouvelle classification est sous la responsabilité du Conseil exécutif et le processus donne lieu à l’adoption, en 1967, du Règlement d’appel en matière de classement. La Commission entend les appels des employés qui s’estiment lésés à la suite de l’opération.
En 1969, la Loi sur le ministère de la Fonction publique vient modifier la Loi de la fonction publique. Le ministère de la Fonction publique est créé dès lors. Ce sera le nouvel employeur gouvernemental. Ces modifications touchent peu les fonctions et les pouvoirs de la Commission.
En 1979, la Loi de la fonction publique est remplacée par la Loi sur la fonction publique, laquelle veut accroître l’efficacité de la gestion des ressources humaines, spécialement en renforçant le principe du mérite, en précisant la répartition des pouvoirs et des responsabilités entre les intervenants de même qu’en augmentant la responsabilité ministérielle. Ainsi, le sous-ministre ou le dirigeant d’organisme devra dorénavant répondre de son administration au ministre de la Fonction publique, et celui-ci aura à répondre de l’efficacité gouvernementale à l’Assemblée nationale.
La Loi sur la fonction publique crée l’Office de recrutement et de sélection du personnel et lui confie les responsabilités antérieurement assumées par la Commission de la fonction publique en matière de recrutement et de sélection des candidats à la nomination et à la promotion. La Loi précise en particulier le mécanisme d’application de la règle du mérite : les concours de recrutement doivent être accessibles à tous les citoyens et la sélection doit s’effectuer sur la seule base de la compétence et des aptitudes démontrées au regard des emplois visés. Au terme du processus de sélection, les noms des candidats sont inscrits sur une liste de déclaration d’aptitudes, selon l’ordre des résultats obtenus, et la nomination ou la promotion d’un candidat est faite d’après son rang sur la liste. Cette consécration du principe du mérite s’inscrit dans la volonté d’établir la compétence et le statut apolitique de la fonction publique.
La Loi sur la fonction publique énonce pour la première fois que les membres de la Commission sont désignés par l’Assemblée nationale, ce qui assure leur indépendance par rapport au pouvoir politique. Elle déleste la Commission de ses responsabilités en matière de recrutement et de sélection des candidats à la nomination et à la promotion : celle-ci devient un organisme de conseil et de surveillance chargé d’assurer l’observance de la Loi et de ses règlements d’application. La Commission se transforme en quelque sorte en chien de garde de la régularité de l’Administration en examinant les processus de gestion des ressources humaines, en donnant des avis sur les projets de réglementation et en faisant rapport aux autorités compétentes, tout en examinant les processus de recrutement et de promotion. La Commission assume aussi une fonction de tribunal administratif pour les employés non syndiqués de la fonction publique. Ces rôles font encore partie de ceux que la Commission assume aujourd’hui.
* Les informations contenues dans cette section sont tirées en particulier de l’ouvrage de Louis BORGEAT, La sécurité d’emploi dans le secteur public : essai, Québec, Presses de l’Université du Québec, 1996, 150 p.
** Les fonctions de l’Office des ressources humaines seront intégrées à celles du Secrétariat du Conseil du trésor en 1996.
En plus de ses fonctions de tribunal administratif et d'organisme de surveillance, la Commission :
La Commission offre un service de renseignements pour les recours :
Vous avez des questions? Pour joindre le service de renseignements :
418 643-1425
1 800 432-0432 (sans frais)
Vous pouvez aussi remplir le formulaire de demande de renseignements en ligne.
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